
« Mission accomplie »
Un recrutement en or massif
« S’il y a un jeu de mots, il faut le lever car cela n’a pas coûté si cher que cela. Les signatures ont eu le mérite d’exciter et stimuler tout le monde. Le public semblait un peu lassé depuis le titre de 2006 et là, il constatait un changement, un nouveau projet ambitieux. Revers de la médaille, les attentes devenaient énormes et l’indulgence, pour un club en transition, était bien minime. Heureusement, j’ai été assez vite rassuré. »
Les premiers émois de coach
« J’ai été surpris par le manque de temps à disposition pour me poser et réfléchir, pour prendre du recul sur les événements. Tout était nouveau, les joueurs mais aussi le staff. Il a fallu apprendre à se connaître, à trouver les affinités. Au début, j’avais l’impression de passer à côté de trucs puis, une fois les habitudes prises, tout est rentré dans l’ordre. La tension et l’angoisse se sont dissipés une fois les repères pris. »
La fatalité de l’Euroleague
« Si je rentre dans une compétition avec en permanence la volonté de gagner, pour le coup, je me doutais que l’objectif du Top 16 était très difficile. Le discours était ambitieux, les gars étaient hyper motivés mais cela ne m’empêchait pas d’être réaliste face à l’opposition. Pour autant, on n’est pas passé si loin. Il y avait de la cohérence dans ce que l’on proposait en dépit de notre manque de vécu collectif. »
Dee, de l’avertissement à l’épanouissement
« Il est compliqué à gérer, complexe, avec des côtés très agréables et d’autres difficiles à sonder et à comprendre. Il a fallu du temps pour que moi, ses coéquipiers et le club sachent comment le mettre à l’aise et découvrent qui il est. Une fois acquis, c’est lui et lui seul qui avait la solution. Il s’est posé les bonnes questions et a assumé. A partir de là, nous étions derrière lui et des solutions ont été rapidement trouvées. Son épanouissement a fait plaisir et l’expérience, pour lui comme pour moi, a été enrichissante. Je pense qu’elle nous a fait évoluer professionnellement. »

Au bord de l’implosion
« Le match d’après la trêve au Havre, c’est ça ? Le moment était déterminant. J’attendais une réaction après les fêtes. J’espérais que chacun évacue ses frustrations pour démarrer une nouvelle saison. Sauf que, patatras, on réalise notre pire prestation. Lamentable ! Tout au long des cinq ou dix dernières minutes, je savais comment j’allais réagir et ce que j’allais faire. Je me suis fait volontairement expulser pour trouver un prétexte à une explication de texte avec mes joueurs dans le vestiaire. Je me suis mis dans le couloir pour faire monter la pression et je leur ai rentré dedans. C’était violent mais nécessaire. Ils ne pouvaient pas se secouer eux mêmes, alors c’est moi qui suis monté au front. Quand Brian est parti, il m’a dit que j’avais bien fait, qu’ils avaient besoin de cet électrochoc. »
Le transfert moscovite
« Une période délicate. C’est quand Brian commençait enfin à comprendre son rôle, à être leader, à assimiler ce que l’on attendait de lui en meneur que la proposition du Dynamo Moscou est tombée. Lui et son agent avaient envie de partir et nous, de notre côté, on a bien joué le coup… tout en jouant avec le feu. On a patienté et perdu deux matches de championnat avant de décider qui serait le successeur. J’entendais ici et là que je faisais n’importe quoi, que je prenais trop de risques à attendre, mais il ne fallait pas se tromper. Bobby est arrivé et tout le monde s’est retrouvé dans un meilleur contexte pour réussir. »
La résurrection aux As
« Sans aucune préparation, nous sommes allés au Havre avec une marge très réduite. Nos structures les plus basiques ont été rapidement assimilées par Bobby et tout s’est enchaîné naturellement. Avec le recul, je pense que nous étions une équipe affamée, celle qui avait le plus de raisons de se sublimer, la plus forte envie de tout casser dans ce tournoi. Ce succès marque le point de bascule de notre saison. C’est facile à dire après, mais je n’ai pas eu peur. Une fois Le Havre éliminé, j’ai senti que le plus dur était passé. »
Un petit goût de reviens-y
« Une fois classé dans le carré de tête du championnat, la Coupe de France représentait du super bonus. Notre parcours y a été énorme, impressionnant, avec un exploit à l’ASVEL, la réception de Strasbourg devant une salle acquise à notre cause et cette finale à Bercy au milieu de notre formidable public. Ce trophée supplémentaire rend extraordinaire notre saison. Mission accomplie. »
Un dernier mur infranchissable
« A bien y réfléchir, j’analyse notre élimination en demi-finale des playoffs comme une incapacité à hausser notre niveau. Nous étions peut-être en surrégime depuis longtemps, à notre maximum. Pour finir champion, il faut savoir passer le cap supérieur, se hisser plus haut, se sublimer. Il nous a manqué ce petit plus qui permet, sur un match décisif à l’extérieur, d’aller grappiller les quelques points qui font la différence. La série a été très intense. L’énorme engagement qu’impose Orléans oblige à aller au-delà de soi. Sur la série, nous avions les solutions techniques et tactiques. Les gars ont donné mais cela n’a pas suffi. »

On attendait l’attaque, on a vu la défense
« Dès le premier jour, le discours tenu était clair : ’’vous êtes de forts attaquants et on va tenter de courir pour vous mettre en évidence mais j’attends de vous un engagement total en défense’’. En dépit des lacunes de certains, les gars ont complètement adhéré. Et forcément, ils ont laissé beaucoup d’énergie et de fatigue pour être toujours en réussite dans l’adresse. L’armada offensive n’était pas toujours au rendez-vous mais globalement, l’équilibre n’était pas loin d’être trouvé. »
Si c’était à refaire…
« Le groupe et le club ont su garder confiance et ne jamais perdre le fil. En cela, il m’est impossible d’avoir des regrets. Ce serait déplacé d’en avoir eu égard aux efforts consentis par tous. »
Et maintenant ?
« Une fois le bilan tiré en interne, on va s’atteler à bâtir un groupe en essayant de garder un minimum de continuité. En tous les cas, on va faire le maximum pour maintenir notre standing et rester dans le Top 4. Le budget sera en baisse mais l’ambition demeure intacte. Et moi, je suis un compétiteur ! »