A peine rentré des Etats-Unis, où il était évalué par plusieurs équipes NBA, et quelques jours avant son départ en équipe de France U20, Noah Penda nous a rendu visite cette semaine au siège du club. L'occasion d'un premier échange avec le nouveau numéro 93 du MSB, en attendant son arrivée en août prochain.
Noah, peux-tu te présenter à nos supporters en quelques mots ?
Je m’appelle Noah Penda (à prononcer Pèn-Da), j’ai 19 ans et je suis né à Paris dans le 13ème arrondissement. J’ai grandi à Bondy en Seine-Saint-Denis et j’y vis toujours avec ma famille, d’où le numéro 93 que je porte sur mon maillot.
A quel âge as-tu commencé le basket ?
Ça fait 9 ans que je joue, mais j’ai fait plusieurs autres sports quand j’étais jeune : foot, judo, tennis, natation… Le basket j’ai commencé à Fontenay-sous-Bois, mais je ne me souviens pas trop de mes premières années. C’est déjà loin.
Tu te souviens quand le basket est devenu vraiment important pour toi ? A quel âge t’es-tu dit « je veux devenir basketteur pro » ?
Ça s’est fait étape par étape. Quand j’étais en U11, je voulais atteindre la sélection du 93. Ensuite quand j’étais en U13 et que je jouais en sélection, je voulais rentrer au Pôle France… Et ainsi de suite. J’ai franchi des caps saison après saison et c’est dans ma deuxième année au Pôle que je me suis dit « ok, maintenant je peux devenir un joueur professionnel ».
Maintenant que tu es pro, comment tu définirais ton style de jeu ?
Je suis un ailier polyvalent. Je pense d’abord apporter dans la pénétration, l’intensité, la relance… Je suis aussi actif au rebond et je suis capable de défendre sur plusieurs positions, de 1 (meneur) à 4 (ailier-fort). Bref, j’essaie d’être un couteau suisse pour mon équipe.
Est-ce que tu as des modèles, des joueurs dont tu t’inspires particulièrement ?
Bien sûr, il y en a des tas. Et des profils différents, chacun pour leurs qualités spécifiques. Je regarde beaucoup LeBron James et Paul George par exemple, pour leur polyvalence. Luka Doncic aussi pour ses qualités offensives, ses appuis, l’utilisation de son corps, sa maitrise des fondamentaux... Après en défense, je regarde beaucoup des joueurs comme Marcus Smart, Jrue Holiday ou Kawhi Leonard, qui sont tous très impressionnants.
Tu ne cites que des joueurs NBA. Pas de modèles dans le basket européen ?
Si, bien sûr ! Je parle de NBA pour le talent individuel, mais je préfère regarder l’Euroleague sur le plan collectif. Les premiers joueurs européens qui m’ont inspiré, ce sont Facundo Campazzo et Sergio Lull. J’adorais ces deux joueurs et, comme j’ai une formation de meneur à la base, je les observais beaucoup. Dans un autre registre, qui est plus proche du mien désormais, je suis totalement fan de Guershon Yabusele. Son impact physique, sa dimension athlétique, sa polyvalence… C’est fou.
Malgré ton jeune âge, tu as déjà un parcours très riche : le Pôle France, les équipes de France jeunes, tes deux saisons à Vichy, tes récents workouts avec les franchises NBA… Quels sont tes souvenirs les plus forts ?
C’est bizarre mais ce qui me vient immédiatement, ce sont des souvenirs difficiles. Notre défaite en demi-finale contre l’Espagne en 2022, lors de la Coupe du Monde U17, elle m’a fait très mal. Et l’été dernier en U19, on perd à nouveau contre l’Espagne en Coupe du Monde, cette fois en finale... C’était vraiment dur. J’ai eu énormément de mal à m’en remettre, ça m’a pris des mois et des mois. Dès que je me levais le matin et que je partais travailler, je l’avais en tête. C’est devenu mon moteur.
Et les meilleurs souvenirs ?
Je pense d’abord à la saison 2021-2022 qu’on a faite avec le Pôle France. On gagne 11 matchs en Nationale 1, ça parait peu dit comme ça, mais c’est énorme ! Ça faisait 15 ans que l’INSEP n’avait pas atteint cette barre. Et l'autre meilleur souvenir, c’est bien sûr la victoire en Leaders Cup avec Vichy cette année. Personne ne nous attendait, c’était un exploit. Moi-même j’ai encore du mal à me rendre compte de ce qu’on a vécu. Le scénario du match était fou, hyper serré, tous les supporters de Vichy étaient venus pour nous soutenir… Il y avait une ambiance de dingue. C’était énorme.
De manière générale, quel bilan tires-tu de tes deux années à Vichy ?
Très positif. Avec une équipe très jeune, la plus jeune du championnat, on a eu de beaux résultats alors qu’on avait le 13ème budget de Pro B. Et sur le plan individuel j’ai continué à progresser, surtout physiquement.
Tu reviens tout juste des Etats-Unis, où tu as effectué des workouts très encourageants avec plusieurs franchises NBA. C’est ton objectif ultime d’y aller ?
Pas forcément. Peut-être que la NBA est mon objectif N°1, mais l’Euroleague vient juste derrière. Le niveau est incroyable aujourd’hui en Euroleague, je serais aussi très content d’y jouer.
Dans quelques jours, tu rejoins l’équipe de France U20 en stage de préparation, avant de disputer le championnat d’Europe en Pologne. Tu viens d’enchainer plusieurs étés sous le maillot Bleu. Ça représente quoi pour toi l’équipe de France ?
C’est une fierté. Je serai toujours prêt à sacrifier mes vacances pour aller jouer en équipe de France. Ça fait 4 ans de suite maintenant, et j’espère que ça va continuer longtemps.
Passons au MSB. Pourquoi as-tu choisi de rejoindre le club ?
Parce que c’est un club de renom, prestigieux, qui a beaucoup gagné dans son histoire. Il y a de fortes attentes autour de l’équipe et un gros challenge à relever. Il y aussi de belles infrastructures, un bon staff… En fait il y a tout pour réussir. Et bien sûr, la présence de Guillaume Vizade a joué dans mon choix. Il me connait, il sait comment je joue, comment je suis au quotidien… Je ne pars pas de zéro avec lui.
Vous avez déjà une longue histoire commune avec Guillaume. L’équipe de France, Vichy, maintenant le MSB. Comment qualifies-tu votre relation ?
Déjà je suis reconnaissant envers lui, parce que c’est le premier coach qui m’a mis sur un terrain professionnel. C’est aussi un des premiers qui m’a appelé pour me montrer son intérêt quand j’étais à l’INSEP. Il croit en moi, je crois en lui, on a une relation de confiance. Et il prône un style de jeu qui me convient. Une grosse défense, de l’intensité, de la relance… J’adhère à cette façon de jouer.
Avec les U20, tu vas aussi rejoindre Loïs Grasshoff qui est pré-sélectionné. Vous vous connaissez ?
Non pas encore. Mais je l’ai déjà vu jouer, notamment avec l’équipe de France 3x3. J’ai hâte de le rencontrer.
Et au MSB, tu vas retrouver Léo Delaunay, avec qui tu as joué à Vichy.
Oui, on a joué ensemble une saison et on s’entendait bien. C’est cool de se rejoindre et ça me permet d’avoir un autre repère en arrivant dans l’équipe. Et Léo est un super coéquipier. Un vrai soldat, avec qui tu peux aller au combat.
Tu connais aussi Romain Zwicky et David Simonovic.
Oui. Romain m’a coaché en U15 à Levallois. Et David, on a joué ensemble en U13, en sélection de Seine-Saint-Denis. Donc c’est bien, je vais connaitre pas mal de monde.
Sans oublier un dernier, Tray Buchanan. Tu as joué contre lui cette saison avec Vichy. Il est champion de Pro B avec La Rochelle, MVP de la saison et de la finale… Tu peux nous en parler ?
Pour moi sans aucun doute, c’est une arme offensive de calibre Betclic Elite. Il est impressionnant par sa capacité à scorer, sa constance, sa vitesse, mais aussi sa sérénité. Il dégage un certain calme, il ne force pas, il fait les bons choix. S’il faut faire une passe, il la fera. Et s’il y a un tir à prendre, la plupart du temps il le rentrera.
On termine avec tes objectifs pour cette saison ?
Je n’aime pas trop parler d’objectifs. Pas par manque d’ambition, mais plutôt par précaution. Sur le plan individuel, après mon trophée de meilleur jeune de Pro B, pourquoi pas aller chercher la même récompense à l'étage supérieur. Et sur le plan collectif, j’espère qu’on va aller le plus loin possible et qu’on va créer un lien spécial avec le public. De l’enthousiasme et de la ferveur autour de l’équipe. C’est quelque chose qui me tient vraiment à cœur, la cohésion avec les supporters.