Relégué avec Vichy en N1M cette saison, le Cognaçais a rejoint Le Mans lors des play-offs en qualité de joker médical. Un conte de fée dont l'épilogue se déroulait samedi à Bercy en finale de Pro A.
«Le basket est une passion. Et quand on a la chance d'en vivre, il ne faut surtout pas oublier que trop de personnes se lèvent à 5 heures du mat'pour être payées au lance-pierres. » Antoine Eito a le don de savoir relativiser. Peut-être parce que lui-même sait d'où il vient. Il y a encore deux mois, le Cognaçais n'aurait même pas imaginé être de la vingtaine de veinards qui samedi, se disputait le titre de champion de France de Pro A à Bercy. Au surlendemain de la défaite du Mans face à Châlon-sur-Sâone (95-76), et malgré une frustration encore palpable, Eito dédramatise cet échec tout relatif. « Même si je suis encore sous le coup de la déception, on a vécu une très belle aventure. Personne ne croyait en nous, mais je peux vous dire qu'on avait une sacrée équipe. En deux mois, j'en ai vu de toutes les couleurs. »
Une adaptation parfaite
Recruté le 18 mai en qualité de joker médical par les Sarthois, le meneur sortait d'une période creuse avec Vichy, ponctuée de deux descentes successives (de ProA en N1M). « Tout s'est fait en une journée, au lendemain du dernier match de championnat avec la JAV, rapporte le fils du manager cognaçais Hubert Eito. J'avais à cœur de prouver que je pouvais évoluer en Pro A, et que ces deux rétrogradations en deux saisons n'étaient pas entièrement de ma faute. » Bingo pour Eito, qui tape dans l'œil d'un MSB disposé à l'accueillir pour pallier la blessure d'Henri Kahuidi. Une aubaine dont profite le meneur-arrière grâce à un temps d'adaptation écourté en raison de l'urgence de la situation. « Même si mon premier match était un peu compliqué, je me suis très bien intégré, se remémore le natif de Barbezieux. On se plaint souvent que Le Mans ne fait pas de bruit, mais c'est une vertu à ce niveau-là. Le staff, l'effectif et le président m'ont très bien accueilli et la ferveur populaire était énorme. »
Du coup, les responsabilités ne tardent pas à tomber « Cela m'a même surpris reprend Eito, même si je ne jouais en moyenne que 10 minutes par match (13 en réalité pour 4,1 pts et 4,3 d'éval en 7 matches). C'est un peu ce que j'ai vécu à l'Asvel (avec qui Eito est devenu champion de France en 2009, NDLR), mais en condensé. »
Soit une nouvelle aventure qu'il convient désormais de ranger dans l'armoire à souvenirs. « Depuis ce matin, je suis chômeur, se marre l'ex joueur du CBB. » S'il en rigole, c'est qu'il n'est pas dupe, et qu'il trouvera très certainement un nouveau point de chute « en Pro A de préférence. Mais un challenge ambitieux en Pro B m'intéresse aussi, s'empresse t-il d'ajouter. Il y a deux mois, je n'aurais pas craché dessus, alors cela ne sert à rien de faire la fine bouche aujourd'hui. »
Lestée par une bonne dose de plomb dans la cervelle, Eito a décidément la tête sur les épaules. Quoi de plus normal, après être passé par toutes les émotions que peut susciter la vie d'un basketteur pro, à tout juste 24 ans. « Mais cela m'a fait évoluer, en tant qu'homme. Il n'y en a pas beaucoup qui à mon âge, sont champions, vice-champions de France, vainqueurs de la Coupe, et qui ont été relégués deux fois en deux saisons. Ce sont des pics émotionnels qui font grandir, même s'il ne faut pas oublier que cela ne reste que du sport. » Une bonne dose de recul doublée d'un soupçon de lucidité. C'est surtout cela, qui le fait avancer.