Auteur de 13 points, dont un éblouissant 3/3 à 3 points, l'intérieur US du MSB a été le héros improbable de la belle face à Cholet.
Lundi, c'est ravioli dans La Vie est un long fleuve tranquille. Jeudi, c'est « shooting party » au MSB. « Tous les jeudis, avec les autres intérieurs, on fait des exercices de shoots à 3 points, même si c'est un jour de repos. »
Samedi, Travon Bryant a superbement mis en pratique face à Cholet. Une rafale longue distance aussi inattendue que jouissive. Trois paniers primés en deux minutes. « Travon a le parfait profil d'un shooteur en série. S'il met le premier, les autres, il peut les enchaîner », glisse Alexandre Ménard, l'adjoint de Jackson.
Formé au poste 4
Les dividendes d'une « formation de poste 4 à la Fac » avec une très bonne main gauche. Vous me direz, quand on se nomme Bryant, on sait forcément shooter !
Une arme de plus dans la panoplie offensive du MSB, le garçon tournant à 4/4 de loin en play-offs. De quoi estomaquer le futur ex-Choletais William Gradit. « On ne savait pas que Travon Bryant pouvait shooter de loin. On vient de l'apprendre. Il nous a bien allumés. »
De son côté, l'adjoint de Jackson se montrait beaucoup moins surpris de la réussite longue portée du back-up de Batista. « Travon avait déjà fait le coup au match 1 face à Cholet. Des situations qu'on travaille face au panier et qu'on appelle des « pick and pop ». Le principe étant de poser un écran sur le porteur de ballon puis de s'écarter pour pouvoir shooter. Cela dit, ce n'est pas forcément programmé à des distances aussi lointaines. »
Un énorme QI basket
N'empêche, pour chauffer la salle, c'est extra. Pour assommer l'adversaire aussi. « En y ajoutant le panier primé d'Antoine Eito, on leur met quatre tirs à trois points de rang. Un 12-2 en guise de coup de massue inattendu. Assurément, l'un des tournants du match et Travon l'un des facteurs X de la belle. »
Le double pigiste médical de Koffi et Coleman affiche une rentabilité très intéressante à la minute (6,5 pts, 2,3 rebonds en 11 mn) pour ses premiers play-offs en France. « On le sait capable de ce genre de tirs de loin. Ce n'est pas ce qu'on recherche en priorité mais les joueurs ressentent des choses différemment sur le parquet. Travon est très réfléchi, il sait ce qu'il fait. Fils d'un entraîneur aux Etats-Unis, il a un énorme QI basket. »
À tel point que, sur le banc, Bryant joue les relais avertis. « Il a cette faculté à échanger beaucoup avec nous dans l'analyse du match. Il s'est instauré une forme de confiance mutuelle. En tant que coachs, on aime avoir son ressenti sur le parquet. »
Il faut dire aussi que le garçon a pas mal bourlingué. Formé à l'Université du Missouri (NCAA), il a sillonné la Grèce (Salonique, Rodou, Maroussi, Athènes, Panionios), visité l'Italie (Benetton Trevise) et l'Allemagne (Franckfurt Skyliners) avant une première expérience hexagonale dans le Béarn (Pau-Orthez).
Et alors qu'il avait loupé de peu le Top 8 l'an passé, il va découvrir Bercy. Ses vertigineuses tribunes, ses nombreux projecteurs et... sa fameuse ligne à 6,75 m.
Philippe PANIGHINI - Ouest France